Photos par Huong Ky Studio – L’Empereur Bao Dai et Victor Tardieu visitant l’École des Beaux-Arts de l’Indochine en 1932
Cette série de photos jamais publiée provient de l’album « Hommage respectueux de la maison Huong Ky Photo à M. Le Ministre de l’Éducation nationale en mémoire du voyage de S.M. BAO DAI en Tonkin ».
La Galerie Inlen Photo est heureuse d’être la première à les montrer publiquement en collaboration avec la galerie française Vincent Joly dédiée aux arts d’Indochine à l’occasion du centenaire de la fondation de l’École des Beaux-Arts d’Indochine (1924-2024) aujourd’hui Université des Beaux-Arts de Hanoi.
L’empereur Bao Dai est revenu en Indochine le 8 septembre 1932, après neuf années d’études à Paris. Son arrivée à Hanoi a suscité de grandes célébrations, notamment des revues militaires, des courses de chevaux et des visites d’écoles et d’entreprises locales.
Ces photographies offrent un aperçu remarquable de l’École indochinoise des Beaux-Arts, fondée par Victor Tardieu en 1924, qui a accompagné l’empereur Bao Dai et le gouverneur général Pierre Pasquier lors de cette visite.
L’un des premiers étudiants de l’École indochinoise des Beaux-Arts était le célèbre peintre Nguyen Phan Chanh. Le portfolio publié dans le magazine L’Illustration en 1932, présente un texte de Jean Tardieu, le fils de Victor Tardieu. Dans son écriture, J. Tardieu éclaire l’état actuel de l’art vietnamien, ainsi que les défis auxquels il était confronté à l’époque de l’art moderne. Son commentaire souligne les complexités et les transformations au sein du paysage artistique du Vietnam de ce temps.
“L’ART ANNAMITE MODERNE
Dans ses numéros de Numéro 1928 et Noël 1930, L’Illustration avait, on s’en souvient, reproduit quelques-uns des chefs-d’œuvre de l’art japonais classique. Elle présente aujourd’hui à ses lecteurs quatre peintures sur soie dues à l’un des disciples le plus représentatifs de cette école de Hanoï qui est actuellement le foyer singulièrement actif d’une renaissance de l’art annamite. Il ne peut être, bien entendu, question d’imaginer quelque fantaisiste analogie entre ces deux arts si nettement distincts l’un de l’autre l’art ancien du japon et l’art annamite moderne. Mais, s’ils ne sont pas comparables, ils sont du moins parents, car ils doivent l’essentiel de leur conception de la forme et de leur technique un maître commun l’art chinois.
L’école de Hanoi qui est à la fois une “école d’art” possédant son statut et son programme et une “école artistique” au sens où l’on parle de “l’école chinoise du. Nord” a su réaliser, en peu d’ années ce double, miracle dc rappeler à la vie les traditions à demi mortes de Fart annamite (principalement celles de l’architecture locale) et de créer cet art là où il n’avait pas encore trouvé son expression propre, en particulier dans le domaine de la peinture et de la sculpture.
Les artistes de la jeune école puisent leur inspiration dans leurs sentiments les plus spontanés attachement au sol natal, aux coutumes ancestrales de l’Annam, à sa religion, à ses légendes et à son histoire, aux espérances enfin de cette nation dont la valeur et la personnalité s’affirment chaque jour davantage. Aux sources de la civilisation et de la culture de leur race, ils retrouvent naturellement et sans effort la tradition chinoise, toujours prête à donner de nouveau une orientation à leur élan.
Cette renaissance cependant et en partie cette naissance d’un art national ne s’observe pas seulement dans la peinture, la sculpture ou l’architecture le directeur-fondateur de l’école, M. Victor Tardieu, après avoir donné à l’Annam la possibilité de se créer une élite d’artistes, se préoccupe au moins autant de l’influence que cette élite est appelée à exercer sur la production artisanale —industries de la soie, de la laque, de la céramique, de l’orfèvrerie, etc. — encore vivante sous la forme des cc ateliers familiaux ». Au premier rang des peintres deHanoï se situe Nguyern Phan Chanh. Ce jeune artiste, né à Hatinh, en Annam, fut, avant son entrée à l’école en 1925, instituteur dans son pays. Il compte parmi les jeunes Annamites qui n’ont pas abandonné l’étude des “caractères”. Le fait d’être resté fidèle à la culture de son pays est sans doute pour beaucoup dans l’authenticité de son talent. Par l’œuvre de Chanh et des autres artistes, non moins remarquables, de sa génération, le peuple d’Annam accède au rang de ceux que l’art a célébrés, non loin de ces artisans que les peintres japonais ont saisis dans les cent mille gestes de leurs tâches. “
JEAN TARDIEU.
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L’album photo de Huong Ky Studio est disponible à la vente chez notre partenaire, la galerie Vincent Joly.